Le 19 juin dernier, la start-up Unow, leader français des formations en ligne, fêtait ses 5 ans dans ses tout nouveaux locaux. Cinq ans, c’est encore jeune pour une entreprise et la jeune pousse n’a pas à rougir de ce premier bilan : 40 collaborateurs, 40 programmes de formation en ligne, 350 clients, plus de 400 000 participants à ces formations, … Avec la conviction que c’est en développant leur capital humain que les organisations sauront se différencier, la start-up met tout en œuvre pour redonner l’envie d’apprendre. A commencer par cet anniversaire qui réunissait partenaires, experts, clients, autour d’une série d’ateliers sur la thématique « Apprendre à apprendre ». Et pour finir une master class autour d’Alexandre Jost, fondateur de la Fabrique Spinoza et « rigologue » à ces heures. Un moment vraiment inspirant dont voici un modeste échantillon...
Think tank associatif sur le bonheur citoyen, la Fabrique Spinoza s’intéresse et accompagne également les organisations, considérant que le bonheur au travail est essentiel car, d’une part, le travail est la 3e activité d’une vie après le sommeil et la télévision, et d’autre part, c’est un des sujets où l’alignement entre les enjeux économiques et humains est le plus tangible.
Convaincu que l’enjeu de la formation professionnelle tient aujourd’hui dans le fait de redonner envie et plaisir à apprendre, une compétence clé du 21e siècle, Alexandre Jost a présenté plusieurs facteurs clés dans la réussite de l’apprentissage tout au long de cette master class.
Tout d’abord, les neurosciences nous apprennent notamment que le fameux circuit de la récompense est activé quand l’apprenant réussit quelque chose. Et il l’est d’autant plus qu’il a été mobilisé à 3 reprises, ce qu’Alexandre Jost rappelle au travers des 3 concepts de « wanting », le désir de quelque chose, de « liking », le plaisir et la satisfaction à le réaliser, et de « learning », le fait d’apprendre quelque chose de cette expérience. La joie est donc un facteur accélérateur de l’apprentissage et elle permet également de le consolider. Il nous rappelle aussi que contrairement à d’autres besoins primaires humains, comme la faim, l’apprentissage intellectuel n’arrive pas à satiété. Bonne nouvelle non, quand on sait que 80% des métiers de 2030 n'existent pas encore et qu’il va falloir se former tout au long de sa vie !
Par ailleurs, contrairement à l’état de stress qui réduit nos capacités cognitives en activant notre cerveau reptilien (attaque, fuite ou apathie ?), notre état dit de "vigilance optimale", celui dans lequel on se sent à la fois bien et où l'on est le plus performant, est un état dans lequel peuvent co-exister le sentiment de joie, le bien-être et la capacité d’apprentissage. Une autre bonne nouvelle, mais sous condition : pas de perturbation numérique (le smartphone !), un environnement convivial inspirant la confiance, des feed-back continuels de l’environnement (humain et physique), et une activité décidée par soi-même plutôt que prescrite par un tiers, autrement dit une motivation intrinsèque...
Combiner l’envie et le plaisir d’apprendre
Evidemment, en prenant en compte tous ces éléments relatifs à l'envie et au plaisir d’apprendre, on comprend à quel point le ton et tous les artifices paraverbaux et non verbaux d’un formateur, sincère, authentique, ont de l’importance pour les apprenants. La posture du formateur, dans une société où le statutaire joue toujours un rôle intangible, mais aussi sa faculté à insuffler une confiance a priori dans les capacités de ses apprenants (le fameux syndrôme de Pygmalion) sont autant de facteurs accélérant l’apprentissage. Autrement dit, les apprentissages seront d'autant plus efficaces avec un formateur ouvert, empathique, simple dans son langage comme dans ses codes vestimentaires, qui croit profondément dans les capacités de ses apprenants à progresser.
Autre élément dans la réussite de l’apprentissage selon Alexandre Jost : la place du corps : l’expérience physique permet d’ancrer, de métaboliser un apprentissage, comme lorsqu’on ingère un aliment et que sa métabolisation en fait quelque chose de constitutif de notre organisme. Il nous rappelle également que les idées seules ne mènent pas à une transformation, si elles ne sont pas soutenues par un affect. Ainsi, le fait de ressentir une émotion combinée au fait de vivre une expérience physique réelle démultiplierait ce que l’individu retient de sa formation.
Pour conclure, Alexandre Jost a cité deux autres facteurs de réussite de l’apprentissage : la technologie et la liberté. La technologie d’abord, non comme une fin en soi, mais bien comme un moyen de transformer les façons de s’informer, de travailler et d’apprendre : le principe même d’un réseau social implique plus de transparence, d’autonomie dans l’accès au savoir. La liberté fait écho à cette motivation intrinsèque de l’individu, à sa volonté personnelle, à son désir d’apprendre : Alexandre Jost invite les managers à se positionner non comme des prescripteurs en matière de formation, mais comme des leaders au service du besoin d’apprendre de leurs équipes.
Quand on l’interroge sur sa vision de l’avenir de l’apprentissage dans les entreprises, Alexandre Jost parle de l’organisation apprenante. Une organisation où technologie et liberté vont de pair pour qu’émergent des communautés collaboratives : dans ces espaces, les collaborateurs, entre pairs, ont envie d’échanger, de partager leurs pratiques et leurs savoirs, au cœur d’un système basé sur la confiance, la transparence.
Quand collaboratif rime avec plaisir et apprentissage, c'est un coup gagnant pour mon circuit de la récompense ;)
par Gaëlle Roudaut