En cette période de ponts de mai, qui fait suite aux vacances scolaires, j’ai eu envie de partager avec vous quelques réflexions autour du droit à la déconnexion ou encore de la détox digitale qui agitent régulièrement la webosphère depuis l’entrée en vigueur de la loi El Khomri en janvier 2017. Lors du colloque de Sup des RH auquel j’ai eu la chance de participer au mois d’avril, une des intervenantes, Christine ARYS, HR Change Manager chez BNP PARIBAS, a abordé différents rapports qui existent entre nous et nos smartphones. Elle nous invitait à être notre propre CEO et à piloter notre rapport avec nos « extensions digitales » pour ne plus en être victime…Matière à réfléchir.
Et si nous étions notre propre CEO ? Comme un chef d’entreprise, nous élaborerions notre stratégie de connexion/déconnexion, en fonction de nos indicateurs, et de nos objectifs. C’est ce que nous invite à faire Ellen Ernst Kossek et Brenda A. Lautsch toutes deux professeurs en management dans de grandes universités américaines, dans leur ouvrage intitulé « CEO of me – Creating a life that works in the flexible job age », publié en 2008.
Dans un monde de plus en plus digitalisé, où la porosité entre la sphère privée et la sphère professionnelle est une réalité dans de nombreux métiers, où les aspirations de réussite sont fortes dans tous les domaines, la conciliation des mondes induit non seulement un enjeu de performance pour les entreprises, mais aussi un gage d’épanouissement pour les personnes. Dans cet ouvrage, les auteures détaillent 3 types de personnalités, avec chacun leur style de flexibilité, qu’elles nomment « flexstyle », vis-à-vis de de la vie professionnelle/privée et des outils digitaux qui les relient tantôt à l’une, tantôt à l’autre :
- Les intégrateurs : pour ces personnes, « ma vie c’est ma vie » et elles y mélangent facilement le domaine privé et le domaine professionnel : répondre à un coup de fil du bureau quand on est sur la plage ou à un mail dans la salle d’attente du médecin avec le petit dernier enrhumé, est aussi courant que rechercher le prochain vol pour son week-end à Madrid pendant les horaires de bureau. Le risque pour ce profil qui jongle aisément entre les sphères, c’est que la fusion des deux mondes peut parfois se faire au détriment de l’un des deux, ou encore que ce choix manifeste peut être mal compris ou mal supporté par l’entourage.
- Les séparateurs : ils ont souvent 2 smartphones, un pour le travail, un pour la vie privée, comme une façon claire de dissocier à la fois physiquement et psychologiquement leurs 2 univers voire leurs 2 projets de vie. Ainsi les règles sont les règles et les séparateurs ne travaillent pas à la maison, ce sont les champions du droit à la déconnexion ! Le risque des séparateurs : devoir faire face occasionnellement à une surcharge de travail qui nécessite de s’impliquer en dehors des horaires habituels et de contourner la sacro-sainte séparation.
- Les volleyeurs : ils sont capables de se dédier à 100% à l’un ou à l’autre de leur sphère privée ou professionnelle : tantôt 100% connectés (y compris soir et week-end) pendant une période intense d’activité, tantôt 100% déconnectés pendant les vacances. Pas de zone floue, pas de porosité mais là aussi, attention au risque de surcharge quand la vie professionnelle s’emballe !
L’ouvrage invite à découvrir son "flex style" mais surtout à en prendre le contrôle, à mettre en place des règles qui vous correspondent notamment vis-à-vis de votre entourage familial et professionnel, voire à déployer une stratégie de changement si vous vous sentez prisonnier d’un fonctionnement ou d’un autre.
Ecrit en 2008, cet ouvrage est toujours hautement d’actualité et continue à nous questionner sur nos usages digitaux pour ne pas subir une situation, mais bien réussir à concilier nos projets de vie, professionnels et personnels ! Tout le monde n’a pas le même besoin en matière de déconnexion !
Je profite de cet article pour vous présenter mon premier sketchnote ! Je suis en train de me former à cette technique de représentation visuelle grâce aux très précieux conseils et ressources en ligne de Béatrice Lhuillier, une experte en la matière :
Et vous, quel sorte de « CEO of you », êtes-vous ?
Ressources complémentaires :
- http://www.artelieconseil.com/wp-content/uploads/pdf/2008-12-30_1780_BUSINESS_DIGEST_REFLEXION_FAIT.pdf
- « CEO OF ME, Creating a life that works in the flexible job age », Ellen Ernst Kossek et Brenda A. Lautsch, Wharton School Publishing, août 2008
par Gaëlle Roudaut