Du 22 au 24 septembre 2020, se tient le Salon Solutions RH à la Porte de Versailles. Après plusieurs mois confinés, les salons professionnels font leur rentrée, masqués mais bien décidés à remettre au goût du jour les rencontres IRL. Et si les allées en ce premier jour de salon étaient encore peu fréquentées, gageons que le trafic des jours suivants va augmenter, dans le respect des consignes sanitaires bien sûr ! Pour ma part, j’ai profité de ma présence au Salon pour aller écouter la conférence d’ouverture et la présentation des innovations RH (par le LabRH et le cabinet Conviction RH).
Effet rentrée ou enseignements de la période particulière que nous continuons de traverser, deux conférences sous le signe des bonnes résolutions : se préoccuper vraiment de l’expérience collaborateur ; réunir le dire et le faire ; faire des innovations RH non plus des gadgets mais des occasions d’aller à la rencontre des besoins des collaborateurs pour une approche systémique et performante de la fonction RH … Tout un programme !
La période que nous venons de traverser et à laquelle nous continuons de nous adapter jour après jour, est riche d’enseignements pour nos organisations et pour les équipes RH : si elle a montré que nous avons besoin plus que jamais de liens humains, elle nous a également rappelé notre devoir d’humanité, comme l'a rappelé Patrick Storhaye, fondateur de Flexity, en introduction de la conférence d’ouverture du salon Solutions RH. « Nous avons pris conscience ces derniers mois que le risque certes se prévoit grâce aux outils de probabilité, mais pas l’incertitude, avec laquelle nous devons désormais composée... Cette période appelle également l’humilité, si nous ne voulons pas que le monde d’après s'apparente à celui d’avant. Elle nous montre aussi notre interdépendance, aux autres et à notre environnement de façon globale ». Et c’est dans le respect mutuel -qui passe notamment par le respect des gestes barrières- comme dans la considération du bien commun que constitue l’entreprise et auquel elle contribue, que chacun d’entre nous peut exercer ce devoir d’humanité. La période a remis en avant également le sens du mot travail, celui de produire, une reconnaissance pour des métiers parfois oubliés, mal-aimés, dénigrés, et qui ont prouvé toute leur valeur au moment du confinement. Plus question désormais, selon Patrick Storhaye, d’accepter de tels décalages en entreprise : « il est temps de réunir le dire et le faire, de mettre les innovations RH au service du vivre ensemble et des enjeux de notre société ».
Expérience collaborateur : arrêter d’en parler et s’y mettre vraiment…
Car il y a encore du chemin à parcourir pour les RH en matière d’expérience collaborateur selon Thomas Chardin, fondateur de Parlons RH : dans la dernière étude menée par l’ANDRH, 84% des RH répondants trouvent le sujet très important et pensent à 70% que l’expérience collaborateur engage la performance à long terme de l’organisation, ainsi qu’elle contribue à l’attractivité de l’entreprise. Une lame de fond … mais, qui dans la réalité, nécessite qu'on sorte les rames ! En effet, les équipes RH n’auraient pas encore engagé de démarche en ce sens pour ¾ d’entre elles (selon le baromètre mené par Parlons RH fin 2019) et pour celles qui ont déjà initié des actions pour améliorer cet ensemble de ressentis, vécus et expériences rencontrés par un collaborateur dans le cadre de sa vie professionnelle, l’effort se concentre aujourd’hui sur le recrutement et le onboarding. Deux étapes clés de la vie de salarié, certes, qui rendent la vitrine de l’entreprise attrayante, et à fortiori si les dernières innovations digitales en la matière sont déployées (jobboards attractifs Welcome to the Jungle en tête, chatbot et matching de CV, cooptation, entretiens vidéo, …) ... mais après ?
Véronique Montamat, Directeur Marketing et communication de Sopra HR Software, rappelle le yin et le yang de l’expérience collaborateur : d’un côté, la dimension humaine bienveillante qui accueille et échange et de l’autre la dimension technologique dont l’objet est de fluidifier, simplifier les échanges : « la crise a mis en exergue l’importance de dématérialiser les processus et outils administratifs de la relation avec les RH (coffre fort numérique, …), rappelle Véronique Montamat, il y a là un enjeu de performance ! Mais la deuxième étape est d’utiliser la technologie pour se rapprocher des besoins de chaque individu, dans la logique du e-commerce, par l’amélioration de la connaissance de chacun rendue possible avec la digitalisation ». D’autres évolutions, comme les chatbot qui concourent à diffuser la connaissance et à fluidifier les échanges ou encore l’utilisation de la reconnaissance vocale pour dialoguer directement avec les interfaces du SIRH, sont prometteuses en matière d’expérience collaborateur.
Autre enjeu qui concoure à l’expérience collaborateur, l’expérience de formation : que dire de la collecte des besoins qui met parfois jusqu’à 18 mois avant de concrétiser le projet de formation du salarié, certes les technologies sont de plus en plus innovantes : micro-learning, immersive learning, adaptive learning, et autres nouveautés en -ing font légion et participent à une « capsulisation » de la formation, mais pour Alain-Frédéric Fernandez, représentant l’AFFEN, association des responsables de formation, le véritable enjeu, c’est la synchronisation : « l’expérience de formation, au sens d'un design UX (pensé utilisateur), doit favoriser un apprentissage en conditions réelles car c'est en faisant que l'apprentissage est le mieux ancré ». Il rappelle également qu’avec la robotisation et des avancées comme l’imprimante 3D capable de réaliser toutes les pièces d’une fusée Ariane, les métiers techniques et industriels vont rapidement évoluer et ce sont les compétences transverses que nous devons tous apprendre à développer. Mettre à disposition des outils de développement personnel pour les salariés participe également de l’expérience collaborateur.
Mais, si la technologie est désormais disponible pour digitaliser toutes les étapes de la vie de salarié, dans une logique d’ensemble, comme le rappelait Alexandre Stourbe, directeur général du LabRH, dans le panorama des innovations présentée en fin de journée, elle ne pourra jouer son rôle qu’à la double condition que les équipes RH s'acculturent au digital comme à l’analyse des données. « Les données sont là, il s’agit désormais de savoir bien les interpréter et les exploiter ! », explique Patrick Storhaye.
Car l’expérience collaborateur a un bénéfice sociétal : « il s’agit de faire société ensemble ! » ajoute Thomas Chardin. L’écoute et les échanges avec les salariés, plus que la communication top down participe à l’expérience collaborateur, et d’autant plus avec le travail à distance. Il invite ainsi les équipes RH à se positionner en marketeur et à écouter leurs cibles salariés, leurs perceptions, pour concevoir les réponses à leurs besoins. Une façon d’ancrer la fonction RH dans la société et de faire écho au monde contemporain. Point d’expérience collaborateur si on ne sait pas vivre ensemble. Et d’ajouter avec Patrick Storhaye : « La fonction RH doit avoir un rôle écologique et participer au développement des collaborateurs comme le ferait un jardinier ». Être sur le pont, comme les équipes RH ont su le montrer pendant la crise, accompagner les changements avec courage, ne suffit plus… désormais, c’est d’audace dont doivent faire preuve les équipes RH : prendre des risques et se battre pour l’expérience collaborateur des salariés, pour celles et ceux qui font la différence de chaque entreprise ! Ils le valent bien !
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par Gaëlle Roudaut